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02 janv. 2019

Tout savoir sur la tribu des Sentinelles, le peuple le plus isolé au monde !

      

En Novembre 2018, la tribu des sentinelles, connue comme la tribu autochtone la plus isolée au monde, a fait parler d’elle pour avoir tué un jeune voyageur Américain qui tentait d’entrer en contact avec elle. Les médias ont fortement relayé l’attaque en racontant un peu tout et n’importe quoi sur le jeune homme, sur les sentinelles et enfin sur leur prétendue agressivité.  Alors qui sont vraiment les sentinelles, d’où viennent-ils et pourquoi sont-ils supposément aussi agressifs ? Analyse de l’histoire d’un des peuples les plus isolés au monde.

Afin de poursuivre la lecture, nous vous invitons à consulter notre article sur la tribu Embara au Panama.

Qui sont réellement les sentinelles ?

  

Des sentinelles

L’histoire commence il y a environ 70 000 ans,  lorsque les homo-sapiens qui étaient sédentarisés dans la corne de l’Afrique (Ethiopie, Somalie) décident de migrer vers l’Est. Cette vague migratoire a duré pendant des millénaires, et ces peuples ont fini par arriver, en suivant les côtes, en Asie du Sud-est. A l’époque, la Terre était en période glaciaire et le niveau des océans était plus bas (150m de moins qu’aujourd’hui). La majorité des îles d’Asie du Sud-est étaient regroupées en deux blocs appelés Sunda et Sahul. Les hommes se sont séparés, ont colonisé de nouvelles terres et plusieurs milliers d’années plus tard, quand le niveau des océans a commencé à augmenter, se sont retrouvés séparés par des mers. Aujourd’hui, les populations issues de cette vague migratoire sont encore présentes dans plusieurs pays :

  • les Aeta des Philippines ;
  • les Aborigènes d’Australie ;
  • les Mani de Thaïlande ;
  • les Semang en Malaisie ;
  • les Andamanais autochtones en Inde.

Tous ces peuples, issus de la même vague migratoire, sont appelés les « Negritos ». Les colons Espagnols, en arrivant sur les terres d’Asie du Sud-est, ont rencontré des habitants petits et noirs, d’où le nom de « Negritos ».

Les Sentinelles sont une tribu du peuple des Andamanais autochtones, cités dans la liste ci-dessus. Ce sont des chasseurs-cueilleurs qui se sont sédentarisés sur une partie du continent, et qui se sont retrouvés peu à peu, avec la fonte des glaces, sur une petite île de 72 km². Cette île s’appelle la North Sentinel Island, d’où le nom donné au peuple y vivant : les Sentinelles.

Comment vit la tribu des Sentinelles ?

  

Des Sentinelles qui tentent de faire fuir un bateau

Les médias ont relayé que les Sentinelles vivaient comme au paléolithique et étaient les hommes les moins évolués d’un point de vue évolutionniste. Deux affirmations totalement fausses.

Premièrement, toutes les espèces vivantes aujourd’hui sont aussi évoluées les unes que les autres. Que ce soit un poisson chat, un Sentinelle ou Thomas Pesquet, les trois sont au même stade d’évolution. La confusion se fait en termes d’évolution technologique. Mais l’homme a beau être au « top » de la technologie, il est aussi évolué d’un point de vue biologique qu’un membre des Sentinelles. Pendant que nous utilisons des téléphones et construisons des fusées pour aller sur la lune, les Sentinelles, eux, développent leur art de la pêche, de la chasse et de la vie tribale. L’axe d’évolution technologique des cultures est une échelle arbitraire. Ce sont des cultures parallèles et non une évolution.

Mais alors comment vivent les Sentinelles ? Le peu d’information que nous avons est qu’ils sont environ 150 membres, habitant dans des huttes communautaires et vivant de la chasse et de la pêche. Ils ont aussi adapté leurs outils au fil du temps, en recueillant des matériaux sur les rivages de l’île. Ainsi on a pu apercevoir des Sentinelles munis d’armes à lame en métal.

Pourquoi la tribu des sentinelles est elle agressive ?

Au contraire de ce qui a été dit dans les médias, il y a eu de nombreux contacts entre les sentinelles et la civilisation. Des contacts qui se sont montrés plus ou moins chaleureux.

En 1880, l’Inde est une colonie britannique. Une expédition menée par Maurice Vidal Portman, a pour but d’étudier la tribu des Sentinelles.  Ses hommes se rendent sur l’île, et capturent des membres de la tribu, un enfant et un couple de personnes âgées. Le couple meurt rapidement à l’arrivée du convoi sur le continent indien, et Portman se livre à des expériences sur le jeune enfant. Il était fasciné par le corps des Sentinelles et particulièrement par leurs organes génitaux. Quelques semaines plus tard, il ramène l’enfant traumatisé, et à partir de ce moment, de nombreux membres de la tribu commencent à mourir de façon inexpliquée.


Ces morts sont dues à l’absence de défenses immunitaires chez les Sentinelles. Tous les hommes civilisés portent en eux, sans le savoir, de nombreux agents pathogènes qui empêchent la plupart des maladies de nous atteindre. Ces défenses se sont construites avec le temps et ont été apportées par l’élevage. Les maladies se sont transmises du bétail à l’homme et nous avons développé une certaine défense contre elles. Mais les Sentinelles, qui ne sont pas un peuple d’éleveurs, n’ont aucune de ces défenses. Les colons britanniques, en les approchant leur ont apporté tout un lot de nouvelles maladies qui les ont décimés.

Du point de vue des Sentinelles, nous avons des hommes inconnus, qui arrivent sur leur terre, capturent des membres de la tribu, ne ramènent qu’un enfant traumatisé qui leur raconte des histoires sur des expériences sexuelles, et la mort de plus de la moitié de la tribu les mois suivants. De quoi se montrer méfiant envers les inconnus non ?

Après cet épisode, les Indiens se sont peu à peu désintéressés du peuple des Sentinelles et les ont laissés tranquilles pendant une centaine d’années. De nouvelles tentatives de contact ont eu lieu dans les années 1970. Certaines se sont plutôt bien passées, par exemple lorsque des anthropologues indiens ont présenté des offrandes sous forme de nourriture à la tribu. Mais les Sentinelles restent méfiants et les interactions ne durent que quelques minutes.

En 1981, le bateau Primrose s’est échoué au large de l’île des Sentinelles. L’équipage a pris peur en voyant la tribu construire des radeaux de fortune pour aller à leur rencontre. Heureusement, le mauvais temps empêcha les Sentinelles de les atteindre, et l’équipage fut secouru. Aujourd’hui encore, on peut voir l’épave du bateau sur Google Earth.

Depuis, les contacts avec les Sentinelles se sont multipliés. En 1991, l’anthropologue indien Triloknath Pandit a réussi à se rendre sur l’île, à donner des offrandes aux Sentinelles qu’ils ont acceptées. Mais encore une fois, les échanges sont de très courtes durées et au bout de quelques minutes, les Sentinelles repoussent agressivement les visiteurs.

C’est exactement ce qui s’est passé avec le jeune Américain John Chau. Ce jeune n’était pas un voyageur ni même un explorateur et sa tentative d’approcher les Sentinelles n’était pas dû au hasard. John Chau est en fait un missionnaire évangéliste qui s’était mis en tête que l’île des Sentinelles était un bastion de « Satan » et qu’il fallait à tout prix les évangéliser. Il a donc payé des pêcheurs pour approcher leur île en bravant les interdits d’approcher les Indiens, et s’est fait abattre à sa troisième tentative de les approcher. Les autorités indiennes n’ont pas souhaité rapatrier le corps par peur de contaminer les Sentinelles en allant sur leur île.

L’avenir de la tribu des sentinelles

Les autorités indiennes ont abandonné les tentatives de contact, et ont établi un périmètre de sécurité autour de l’île, afin de dissuader d’éventuels voyageurs d’essayer d’entrer en contact.

Malheureusement, cet interdit est bravé par des braconniers, qui vont chasser et pêcher illégalement autour et sur l’île des Sentinelles, en apportant avec eux les maladies qu’ils pourraient transmettre à la population locale.

On espère que les Sentinelles pourront préserver leur île le plus longtemps possible, et continuer de vivre et d’évoluer en paix, loin de l’agitation du monde moderne…

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Le voyage chez l'habitant par Odysway

Le besoin de s'y immerger reflète notre évolution: voyager, communiquer avec les autres, découvrir leur culture, leurs petites habitudes, goûter de nouvelles saveurs et briser les barrières. Ne vous accrochez pas à des idées préconçues et sentez que nous sommes un tout, une même tribu: les humains. S'il y a un moyen de voyager qui peut vous offrir tout cela, c'est les voyages chez l’habitant.